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Au-dessus de la brume

12.10.2017, Baulme-La-Roche

Après une journée de cours bien chargée, je me décide de partir à Baulme-La-Roche.

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Ce petit village, tout de pierres vêtu, est perdu dans les confins de la Bourgogne, et apprécié pour ses falaises, qui surplombent d'environ 300 mètres la bourgade.
Et c'est précisément pour celles-ci que je m'y rendais : elle constituent un point de vue idéal lors du coucher de soleil, situé parfaitement au milieu du panorama de la vallée environnante.

Hélas, la météo décida ce jour de ne pas être avec moi : l'horizon embrasé que j'espérais observer (et capturer !) ne s'est pas révélé. De gros nuages obscurcissaient le ciel et rendaient impossible la vision tant espérée.


J'ai cependant pu transcrire sur cette photo l'assemblage d'obscurité et de couleurs qui faisait de cette scène une ambiance toute particulière...

Après avoir passé quelques minutes sur la falaise à m'imaginer le coucher de soleil flamboyant qu'il y avait pas, j'ai marché un peu pour profiter de cette atmosphère tout de même particulière : le manteau de nuages formait un plafond oppressant, alors que mon regard avait la liberté de parcourir la vallée qui se dessinait sous mes pieds.
Et, comme d'habitude, le fameux "Oh !" retentit.
Je venais d'apercevoir un criquet aux couleurs de pierre, dont un mouvement avait trahi la présence. Il faisait comme moi : il se baladait et profitait du temps calme de la soirée. Alors nous avons marché, ensemble, presque main dans la main... ou plutôt patte dans la main !
Puis nous nous sommes arrêtés sur la crête, où il m'a laissé le prendre en photo, afin d'immortaliser l'instant et de cristalliser en image le souvenir de cette promenade atypique.

Après être rentré de ma ballade avec le criquet, j'ai profité quelques moments des derniers rayons du soleil, suite à quoi je suis allé dormir calmement... mais pas pour longtemps !


Il est à peine six heures et le réveil sonne déjà... Il va bientôt faire jour sur les falaises, et je tiens à admirer la première lueur du jour sur les rocailles charnues de Baulme-La-Roche.

À cette heure-là, tout seul, et encore dans l'obscurité de la fin de nuit, j'ai rencontré quelqu'un dans les bois : sa présence se voyait de loin, alors que son élégante robe de soie enveloppait la végétation de son voile protecteur...

Après avoir rencontré la brume, je me suis dirigé vers mon but : les falaises. Un petit bout de chemin dans les bois plus tard, me voilà sur la crête et oooooooh !
La brume n'avait pas seulement envahi que les hauteurs, mais aussi recouvert toute la vallée, métamorphosant le paysage, faisant complètement évoluer ma vision de ce lieu.
Une des raisons de mon attrait pour les montagnes est cette sensation extraordinaire, au-dessus des nuages, de voir le monde depuis le haut.
Jamais je n'aurais cru observer ce phénomène avec nos modestes reliefs bourguignons, et cette surprise m'a complètement ému. Au-dessus de la brume, je me sentais libre. J'ai alors laissé mes soucis tomber des falaises, et me suis laissé envelopper par la douceur incroyable qui émanait de la vallée ennuagée.

La brume avait empli le vallon d'une humidité blanchâtre. Comme s'il y avait eu une inondation, les cimes des arbres les plus grands semblaient sortis tout droit du néant, flottant sans le vide. Comme des grands spectres d'une activité passée, les bâtiments se distinguaient à peine.
C'est un peu comme si, chaque matin, la Nature démontrait encore ce dont elle est capable, qu'elle peut créer mais aussi supprimer.

Là-haut, c'est un peu comme si on se perdait sur une île, contemplant les mouvements de la mer qui ondule calmement.
Ici, la brume avait envahi la vallée, et qui, vu des falaises, formait une mer de nuages.
Alors, sur les plages de Bourgogne, je resta un long moment debout pour contempler la valse des vagues nuageuses, aussi gracieuse que silencieuse, profitant ce ce spectacle lent et captivant.
Comme dirait Grégoire Lacroix, "Quand la mer est de nuage, les montagnes sont des îles..."

Il y a quelque chose de magique dans cette vision au-dessus de la brume. Le monde parait si pur, si beau.
Quand j'étais là-haut, je me disais : "Mais si seulement tout le monde pouvait être avec moi, pour voir le monde tel que je le vois !"
Pourtant, je suis conscient de tout le mal qu'on fait à cette planète chaque jour, chaque heure, à l'instant où j'écris ces mots et aussi à celui où vous les lirez.
Pourtant, la Nature nous gâte encore et toujours de ses fantastiques créations, mais pour combien de temps ? Combien de temps tiendra t-elle face à l'avidité et au profit ?
Avant de commencer le partage de mes photos, et même de commencer la photographie, je me suis posé cette question : "Comment, à mon échelle, je pourrais aider la Nature à aller mieux ?"
Et puis j'ai réalisé que le meilleur moyen de le faire était de vous montrer à quel point ce monde est beau, bien pensé, et harmonieux.
Et pour vous montrer ce monde là, j'ai créé ici, ma page, puis mon site.
C'est pour cela que, chaque soir, je publie une photo. Et je garde cet espoir que, grâce à mes photos, le monde tel que je vois tous les jours soit celui qui émerveillera aussi les enfants de demain.

Ce jour, je n'ai pas seulement eu l'immense plaisir d'être au-dessus de la brume, mais aussi celui de traverser un nuage, tout en le voyant tomber dans la vallée depuis les falaises.
Voir ainsi le mouvement de ces nuages était tout à fait inattendu, et je m'estime privilégié d'avoir pu vivre un tel instant, en communion avec l'atmosphère et la Nature. C'est comme si elle m'avait remercié d'avoir été là pour apprécier son spectacle grandiose.
Quand je fais de la photo, j'ai toujours la même approche avec ce qui m'entoure : j'essaye d'être le plus ouvert possible. C'est comme ça que j'arrive à prendre toutes mes photos, à être aussi proche de la biodiversité qu'elle l'est de moi. Ainsi, quelques libellules ont parfois la folie de venir se poser sur ma main, ce que je considère comme un cadeau inestimable.
Alors, comme moi, ouvrez-vous au monde, à l'autre, à l'inconnu. Et vous verrez que des choses merveilleuses vous arriveront.

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Après avoir passé une bonne heure au-dessus de la brume, je reçois de la visite : un passionné d'oiseaux engage la discussion concernant le faucon pèlerin, qui habite ces falaises, et qui y est parfois observable le matin. Pas de chance pour lui, aucun bec n'était visible : l'oiseau devait sûrement avoir flairé ma présence et n'avait pas voulu faire la star devant mon objectif. Quelques échanges plus tard, nous admirons tous deux ce paysage magnifique, quand mes yeux se posèrent sur un détail qui n'était pas visible jusqu'ici.

 

En effet, le Château de Mâlain venait de poindre à l'horizon, telle une merveille ancestrale, qui, comme dans un comte, ne serait visible qu'à certains moments du jour.

Puis, après quelques minutes d'émerveillement, l'ancienne demeure retourna dans les abîmes, ensevelie par la brume.

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C'est le cœur en fête que je me dirigeai vers le sentier, pour doucement prendre la voie du retour.
Mais vous savez comment ça finit, ce genre d'histoires...

C'est devant cette petite fleur que je termine mon histoire. Une petite fleur qui subit l'assaut incessant du vent, qui a plus froid parce qu'elle est en altitude et ne peut se couvrir. Mais c'est aussi une petite fleur qui a le privilège, chaque matin, de regarder depuis le haut la vie du bas. Elle est même parfois gâtée de paysages comme nous avons pu les découvrir avec les photos de début de série.
Alors finalement, j'aime bien cette petite fleur, qui, malgré tout ce qu'elle subit, reste debout et peut ainsi apprécier la beauté de la vallée, et tout particulièrement le matin, avec la brume, et le soir, avec le coucher de soleil, qui illumine de son dernier rayon la petite fleur qui s'endort paisiblement.
Et c'est un nouveau jour qui commence, plein d'opportunités et d'espoir.

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